L’hydroélectricité victime plus que remède dans la dérive climatique.
Curieusement, lorsque l’on parle d’hydroélectricité, on évoque à l’envie son absence d’émission de gaz à effet de serre (GES), mais on parle peu des conséquences du changement climatique sur cette activité :
- Mme Ayrault, PDG de la CNR [1], annonce une baisse du module du Rhône de 20 à 40 % dans un avenir pas si lointain. [2]
- Les exploitants des ouvrages EDF du Drac et de la Romanche parlent d’une baisse de module avérée de 10 à 20%.
Par ailleurs les études des volumes prélevables, réalisées à l’initiative de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, montrent que 70 territoires de ce bassin manquent ou risquent de manquer d’eau à brève échéance.
Ce risque de pénurie se conjugue à une augmentation de la variabilité des débits et à la multiplication des épisodes paroxystiques, que ce soit dans les crues ou dans les étiages.
Toutes ces perspectives sont préoccupantes et nous sommes loin d’en avoir pris la mesure.
Toute la production hydroélectrique en sera impactée mais plus particulièrement l’hydroélectricité au fil de l’eau qui ne peut se soustraire ni aux effets de la baisse des débits ni à aux effets de leur variabilité.
L’eau, une ressource de plus en plus convoitée par des usages de plus en plus divers
Parallèlement les besoins en eau à d’autres fins que l’hydroélectricité ne vont pas baisser (AEP, irrigation, loisirs…, sans oublier les besoins du milieu naturel, si toutefois on veut respecter un minimum la biodiversité) : le caractère multifonctionnel de nos réservoirs hydroélectriques existants et à venir est considéré comme acquis par tous… avec les contraintes et les limites qui en résultent pour la production hydroélectrique [3].
Face à ces perspectives peu encourageantes, les investissements hydroélectriques doivent tenir compte de ces évolutions inéluctables, qui limiteront leur efficacité